Un système d’influence et de contrôle
L’État profond (ou "Deep State" en anglais) est une manifestation des dynamiques de pouvoir invisibles : il incarne des réseaux d’influence non élus, persistants et opaques, qui façonnent les décisions politiques au-delà des institutions officielles. Il opère en coulisses pour influencer ou contrôler les décisions politiques, indépendamment des gouvernements élus et des alternances démocratiques. Ce concept est souvent invoqué pour expliquer des résistances au changement ou des dysfonctionnements étatiques.
1. Définition de base
L’expression « État profond » désigne, dans son sens premier,
l’ensemble des institutions ou réseaux de pouvoir permanents qui
exercent une influence décisive en dehors du contrôle démocratique
direct.
Ce sont les structures administratives, militaires, de
renseignement et économiques qui continuent à fonctionner et à orienter
la politique, quels que soient les gouvernements élus.
En d’autres
termes, c’est "l’État derrière l’État", c'est-à-dire la couche stable,
opaque, technocratique, qui perdure au-delà des alternances politiques.
2. Origine du concept
Le terme vient du turc derin devlet, apparu dans les années 1990 en Turquie, pour désigner une alliance clandestine entre :
- les services secrets,
- certains officiers militaires,
- des hommes politiques et mafias,
Le concept a ensuite été repris dans d’autres contextes :
- aux États-Unis, pour décrire l’influence durable du Pentagone, de la CIA, du FBI ou des grands conglomérats industriels et financiers sur la politique ;
- dans d’autres pays (Russie, Égypte, France…), pour parler de la bureaucratie, des élites administratives ou financières qui conservent un pouvoir de fait.
3. Réalité structurelle (niveau institutionnel)
Dans presque tous les États modernes, il existe un niveau de continuité étatique :
les hauts fonctionnaires ne changent pas à chaque élection ;
les renseignements, la défense, la diplomatie gardent une autonomie forte ;
les intérêts économiques majeurs influencent durablement les décisions.
En
ce sens, un “État profond” existe dans chaque pays : c’est la structure
permanente du pouvoir réel, par opposition au pouvoir symbolique des
élus.
Mais cela ne veut pas forcément dire qu’il s’agit d’un complot
organisé : c’est souvent un effet systémique, où des acteurs
institutionnels protègent leurs prérogatives et leurs intérêts. Cela ne
veut pas dire non plus qu'il n'existe pas de complots...
4. Réalité d’un État profond mondial
Certaines analyses vont plus loin et montrent qu’il existe bien un
pouvoir supranational, un "État profond global" qui pilote les grandes
orientations du monde :
- contrôle des banques centrales,
- influence sur les gouvernements,
- domination des médias,
- orientation des crises (sanitaires, économiques, climatique, militaires…).
Cette
vision est défendue par certains intellectuels, journalistes
d’investigation ou anciens responsables d’État (ex. Catherine Austin
Fitts, Peter Dale Scott, Naomi Klein, etc.). Cette réalité est sciemment
cataloguée par le pouvoir occulte comme étant complotiste pour "noyer
le poisson" et permettre à l'État profond de poursuivre sa dynamique de
pouvoir invisible...
Dans sa version sérieuse, elle décrit une gouvernance transnationale informelle — ce qu’on appelle parfois :
- le complexe militaro-industriel,
- la gouvernance mondiale des élites,
- la technocratie globalisée.
Ces
réseaux d’influence existent effectivement : grandes banques,
multinationales, think tanks, institutions internationales (FMI, OMS,
WEF, etc.), ONG puissantes, médias concentrés…
Cela ne forme pas
nécessairement une seule entité unifiée ni une "main cachée" unique.
Il s’agit en réalité d’un système d’intérêts convergents organisé par une oligarchie
mondiale, mais qui peut parfaitement s'apparenter à un État mondial secret.
5. Distinction essentielle : système vs conspiration
Fait établi : dans chaque pays, il existe une couche d’intérêts permanents qui oriente les décisions politiques au-delà du contrôle populaire et démocratique.
Probable : ces élites nationales coopèrent de plus en plus à l’échelle mondiale (forums économiques, OTAN, FMI, OMS, ONU, etc.), créant une gouvernance de fait.
Mythe accusatoire
: décrit une entité formelle opérant comme un "gouvernement secret mondial" centralisé qui dirige et contrôle tout en secret. Ce mythe est alimenté par l’État profond lui-même pour l’assimiler aux théories du complot, créant ainsi de la confusion sur sa propre existence...
Exploration des "dynamiques de pouvoir invisibles"
en se basant sur des analyses sérieuses.
La notion d'un "État profond mondial" ou "global deep state" trouve
un écho dans des travaux académiques et journalistiques qui décrivent
des réseaux transnationaux d'influence, sans nécessairement postuler une
cabale unifiée et occulte. Ces dynamiques reposent sur des intérêts
économiques, géopolitiques et technologiques convergents, formant ce que
certains appellent une "oligarchie transnationale" ou une "gouvernance
informelle globale".
On peut s'appuyer sur des sources variées pour équilibrer les perspectives, incluant des soutiens et des critiques.
Les fondements théoriques :
des analyses sérieuses sur les pouvoirs invisibles
Le concept d'un "État profond global" n'est pas une invention
récente, mais une extension du "deep state" national vers des échelles
transnationales. Des intellectuels comme Peter Dale Scott, que vous
mentionnez, ont été pionniers dans cette réflexion. Dans ses ouvrages
comme *The American Deep State* (2014), Scott décrit un "système
profond" aux États-Unis, impliquant des alliances entre agences de
renseignement (CIA), complexes militaro-industriels et intérêts
pétroliers, qui s'étendent au-delà des frontières pour influencer la
politique mondiale. Il parle de "deep politics" : des processus
décisionnels opaques, où des événements comme le 11 septembre ou des
guerres (Irak, Afghanistan) servent à consolider un pouvoir
"supra-national" non élu, reliant élites américaines à des réseaux
globaux. Scott insiste sur le rôle du "suivi de l'argent" (follow the
money) pour révéler ces dynamiques, sans invoquer de complot
monolithique, mais plutôt des coalitions d'intérêts.
Catherine
Austin Fitts, ancienne responsable sous l'administration Bush et
analyste financière, va plus loin en évoquant un "Mr. Global" : un
groupe d'élites centralisées qui orchestrerait un "contrôle financier
global" via des mécanismes comme les banques centrales et des fonds
secrets. Dans des interviews et ouvrages comme *The Global Coup d'État*
(co-écrit avec Jacob Nordangård), elle argue que des trillions de
dollars "disparus" du budget américain (estimés à 21 trillions entre
1998 et 2015) financeraient un "réseau parallèle" de bunkers,
technologies de surveillance et opérations secrètes, protégeant une
élite face à des crises planifiées. Fitts voit cela comme une "grille de
contrôle numérique" (digital control grid), où les crises (comme la
pandémie COVID) accélèrent la centralisation du pouvoir via des outils
comme les monnaies numériques des banques centrales (CBDC). Ces affirmations sont controversées, mais étayées par des audits gouvernementaux sur des
fonds non comptabilisés.
Naomi Klein, dans *The Shock Doctrine*
(2007), expose comment les crises (naturelles, économiques ou
militaires) sont exploitées pour imposer des réformes néolibérales
transnationales, favorisant une "gouvernance mondiale des élites". Elle
décrit un "capitalisme du désastre" où des institutions comme le FMI ou
la Banque mondiale imposent des politiques d'austérité post-crise (ex. :
Chili sous Pinochet, Irak post-invasion), profitant à des
multinationales et élites globales. Klein met l'accent sur une
"technocratie globalisée", où des think tanks et forums comme le World
Economic Forum (WEF) orientent les agendas sans responsabilité démocratique. Des critiques, comme celles du Cato Institute, rejettent
cela comme une "polémique anti-marché", arguant que ces réformes sont
des réponses rationnelles aux crises, non des manipulations orchestrées.
Ce qui reste à prouver...
Les éléments clés : contrôle, influence et orientation des crises
1. Contrôle des banques centrales :
Des analystes comme Fitts et Scott soulignent que des entités comme la Réserve fédérale américaine ou la BCE opèrent avec une autonomie quasi-absolue, influençant les politiques monétaires globales via des réseaux comme le Groupe des Trente (G30) ou la Banque des règlements internationaux (BRI). Cela crée une "oligarchie financière" où les intérêts privés (grandes banques comme JPMorgan ou BlackRock) convergent avec ceux des États, sans transparence. Des posts récents sur X évoquent un "deep state mondial" reliant ces banques à des agendas comme le Nouvel Ordre Mondial.
2. Influence sur les gouvernements :
Le "complexe militaro-industriel" (terme d'Eisenhower en 1961) est étendu à l'échelle globale par des lobbies comme Lockheed Martin ou Raytheon, influençant des décisions via des think tanks (ex. : Council on Foreign Relations, CFR). Des figures comme Jeffrey Sachs confirment que des institutions de la Guerre froide (CIA, OTAN) ont autonomisé un "deep state" incontrôlable, tenant des gouvernements occidentaux. En Europe, des observateurs comme Laurent Ozon décrivent un découplage entre cet État profond et les intérêts nationaux, avec des politiciens comme "serviles".
3. Domination des médias :
Une concentration médiatique (ex. : 90% des médias US détenus par six conglomérats) permet une "gouvernance narrative" globale, selon Klein. Des posts X critiquent cela comme un outil du "deep state" pour minimiser les scandales.
4. Orientation des crises :
Klein's "shock doctrine" illustre comment des crises sanitaires (COVID), économiques (2008) ou militaires (Ukraine) sont "utilisées" pour des agendas transnationaux (ex. : vaccins globaux via OMS, ou sanctions via FMI). Fitts y voit une "coup d'État global" via des technologies de contrôle.
5. Réseaux et institutions : un système d'intérêts convergents
Il ne s'agit pas à proprement parler d'une "entité unique cachée", mais d'un écosystème bien huilé : grandes banques (BlackRock, Vanguard), multinationales
(Big Tech, Pharma), think tanks (WEF, Trilatérale), institutions (FMI,
OMS, ONU) et ONG (comme Open Society de Soros). Des analyses comme
celles de Scott montrent des "alliances informelles" où ces acteurs
convergent pour la stabilité de leurs intérêts (ex. : énergie, finance).
Des critiques, comme dans "The Conversation", comparent cela à des
philosophies du XVIIe siècle (Descartes) sur le doute systémique, mais
rejettent les versions conspirationnistes comme QAnon. Des posts X,
comme ceux de Yves Pozzo di Borgo, soulignent un "deep state" avec 840
bases militaires mondiales, favorisant le complexe militaro-industriel.
Perspectives critiques et nuances
Des voix comme Jon D. Michaels (dans des articles académiques) défendent un "deep state" comme une bureaucratie stabilisante, non malveillante. D'autres, comme à Brookings, le voient comme une réalité "réelle" mais exagérée par des figures comme Musk ou Trump pour des fins politiques. En Géorgie, des médias pro-gouvernementaux lient cela à des "allégations fallacieuses" sur un "global war party". Globalement, ces dynamiques existent (inertie bureaucratique, lobbying transnational), mais les preuves d'une orchestration unifiée restent circonstancielles, parfois amplifiées par des biais.
En résumé, ces "dynamiques de pouvoir invisibles" décrivent un système oligarchique global où des intérêts convergents transcendent les États, sans qu'il existe une réelle entité secrète unique. Cependant, cette "technocratie informelle" peut parfois apparaitre comme un complot...
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Loup Rebel |
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